GAMBARÔ (Courage !)

Chercheur/auteur(s) : Thierry Ribault , Alain Saulière
Réalisateur(s) : Alain Saulière
Producteur(s) : Alain Saulière
2013 / France / 52 minutes

Résumé

Nous avons recueilli la parole de personnes qui, loin de se positionner comme des victimes, ont adopté des postures qui sont le fruit d’une mure réflexion. Nos personnages ne sont pas pour autant dans le « rebond », cher aux prédicateurs de la « résilience » post-catastrophique.

Quant bien même certains d’entre eux ont décidé de rester sur les terres de Fukushima, ils sont dans une démarche de densification d’eux-mêmes, de cristallisation de leur force intérieure, dans une démarche de générosité et de don d’eux-mêmes qui n’a rien à voir avec le rebond et la résilience. Ils deviennent des héros de l’ombre, transfigurés, et ce sont ces « grands hommes » que nous voulons à notre tour louer, comme James Agee a pu louer les hommes rencontrés dans la misère du Sud des Etats-Unis en 1936. Comme nous l’avions fait dans notre film Dissonances, nous nous intéressons à la force qui les porte.

Dans le contexte de chaos que la catastrophe fait naître, la déshumanisation et la réhumanisation s’affrontent. Alors que la pensée de la résilience, portée par les partisans d’un statu quo sédentaire face à un désastre nucléaire dont les hommes seraient censés s’accommoder, conduit à tenter de construire de la vie sur le terreau de la mort, notre film témoigne de la réhumanisation en cours, qui est le refus de bâtir sur les ruines, et la force de se départir de l’injonction à la soumission à l’ordre des choses. Miser sur l’humain en l’homme et non sur l’improbable augmentation de celui-ci, ni sur son adaptation au désastre présent et à ceux à venir, tel est le parti pris des personnages que nous avons filmés.

La guitare puissante de Otomo Yoshihide situe le film dans sa tonalité : celle de la menace qui plane sur la plénitude. Car dans cette méditation sur Sisyphe, sur la relation de l’individu à l’Etat, sur la résistance, sur la soumission, sur le déni et sur la signification profonde du fait d’être « sauvé », c’est bien la menace qui constitue un des grands thèmes du film : la menace sur ce qu’il y a encore d’humain en l’homme.